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Portraits de Communards

La Commune
La guerre civile
est déclarée

Les communards sont issus du petit peuple parisien – ouvriers, artisans, employés de bureau – et de la « bourgeoisie populaire » des
boutiquiers, marchands de vin et petits patrons.
Il y avait aussi une poignée de professions libérales, qui occupaient
souvent des positions influentes :
jeunes avocats, journalistes, médecins, enseignants, et quelques artistes et hommes de lettres tels que Jules Vallès et Gustave Courbet.

Louise Michel "La vierge rouge"

Louise Michel "La vierge rouge"
Née le 29 mai 1830 à Vroncourt, dans la Haute-Marne, Louise Michel est la fille naturelle d'un châtelain et d'une servante. Élevée par son grand-père paternel, Charles Demahis, elle a reçu une bonne instruction, a obtenu un brevet d'institutrice et, refusant de prêter serment à l'empereur, s'est mise à enseigner dans des établissements privés, d'abord dans sa région natale, puis, à partir de 1857, à Paris. Là, elle a approfondi sa culture, tout en développant ses goûts et ses talents de poétesse engagée, fortement imprégnée d'idées républicaines, anticléricales et même antireligieuses. En 1868, elle a ouvert un cours à Montmartre, où elle réside. Dès lors, elle se dépense sans compter pour les enfants et pour les pauvres de la butte. Si elle s'éprend successivement de Victor Hugo, de Th. Ferré et de Rochefort, elle brûle d'une passion constante et généreuse pour le peuple. Son inlassable dévouement, son sens pratique et laïque de la charité, son action énergique en faveur de la République, de la liberté et des déshérités lui valent une popularité croissante.
Elle a pourtant un physique ingrat. Son visage ovale, barré d'une longue bouche mince et pincée, a des traits durs, presque masculins. Ses cheveux tirés en arrière et sur les côtés dégagent son large front, mettant en valeur la sombre intensité de son regard. La simplicité de sa robe noire accentue la sévérité de son aspect. Elle n'a ni l'élégance aristocratique d'Élisabeth Dmitrieff, chère aux amis de Marx, ni la beauté clinquante de Victorine Louvet, « la générale » Eudes. Mais si elle manque de séduction féminine, elle en impose par la dignité de son port, par sa débordante activité et par sa chaleur communicative. Son apparence austère, voire triste, la pauvreté de sa mise, sa commisération fraternelle à l'égard des petits et des faibles, sa haine farouche des puissants et des « gros » en font la vivante image de la femme du peuple révoltée.
Elle incarne le modèle exemplaire de la socialiste révolutionnaire de Paris, de la communeuse, dont elle joue la
plupart des rôles. Travailleuse, elle prolonge son métier d'institutrice en militant pour la réforme et l'expansion de l'instruction publique, comme Maria Verdure, Henriette Garoste, Louise Laffitte et les autres membres de la
société L'Éducation nouvelle ou comme les adhérentes de la Commune sociale de Paris, et elle s'intéresse d'autre part aux ateliers féminins et aux fourneaux économiques du XVII le arrondissement. Ambulancière, comme beaucoup (inscrites ou non à l'Union des Femmes), elle ramasse, panse et console les blessés. Mais on ne la voit guère assurer le rôle de cantinière, auquel la misogynie des gardes nationaux confine tant de Parisiennes ; car elle préfère combattre.
Par défi, elle se rend un jour à Versailles, déguisée en bourgeoise, avec l'intention d'assassiner Thiers ; revenue sans avoir accompli son forfait, elle reste cependant très fière de son équipée en territoire ennemi. A partir du début du mois d'avril, on la voit de plus en plus souvent en tenue de garde national, un képi sur la tête et des godillots aux pieds, houspillant, les lâches, encourageant les hésitants et faisant le coup de feu avec le 61e bataillon.
Certes, Louise Michel n'a pas le panache de Lodoïska Kawecka, l'épouse d'un médecin polonais devenu com-
mandant du 202e bataillon puis lieutenant-colonel des Turcos de la Commune, qui éblouit les simples gardes et le Club des Libres penseurs par sa tenue rutilante (pantalon de Turco, veste de hussard en velours cramoisi chamarré de broderies, bottines à glands d'or, toque à cocarde rouge, ceinture bleue d'où pendent deux revolvers...). Mais elle est au moins aussi vaillante qu'elle au combat et aussi convaincante à la tribune des clubs.
Car elle est, de surcroît, l'une des plus remarquables oratrices de réunions publiques, avec Sophie Poirier, Béatrix Excoffon, Blanche Lefebvre, Marie-Jeanne Bouquet, l'amie de Félix Pyat, ou Paule Minck, cette journaliste et femme de lettres d'origine polonaise, qui a fondé une école de filles à Montmartre et qui est l'une des principales animatrices du Club de la Victoire à Saint-Sulpice, du Club de Notre-Dame de la Croix à Ménilmontant et du Club de Saint-Nicolas-des-Champs. Quand elle n'est pas dans son école, au comité de vigilance, à son ambulance, sur les remparts, à Issy ou à Clamart, Louise Michel préside volontiers le Club de la Révolution, à l'église Saint-Bernard de La Chapelle, et mêle sa voix véhémente à celle des obscurs partisans de la Commune.

Élisabeth Dmitrieff

Élisabeth Dmitrieff
Née de l'union irrégulière d'un ancien officier de hussards, nommé Kouchelev, et d'une infirmière, Élisabeth, dite Dmitrieff, a reçu une bonne éducation à Saint-Pétersbourg, mais n'a pas tardé à se révolter autant contre sa bâtardise que contre la situation des moujiks et le régime tsariste. Son mariage blanc avec un vieux noble phtisique... et libéral, le colonel Tomanovski, lui a permis de s'émanciper de sa condition première, d'acquérir une position sociale et d'émigrer en Suisse, puis à Londres. Mêlée aux milieux cosmopolites de l'Internationale, elle fait la connaissance de Marx, qui l'envoie en mission à Paris en mars 1871. Là, elle met ses talents d'intellectuelle et d'organisatrice au service des militants ouvriers. De taille moyenne, le visage rond et pâle, nimbé de cheveux châtain clair, souvent coiffée d'un chapeau de feutre orné de plumes rouges et vêtue en amazone d'une robe pourpre ou noire, elle arbore volontiers une écharpe de soie rouge garnie de franges d'or et une ceinture crénelée de revolvers. Elle séduit par son charme naturel, son élégance, sa vivacité. Avec Nathalie Lemel, vieille compagne de lutte de Varlin, et les autres animatrices de l'Union, elle s'attache à organiser les femmes de la Commune pour assurer le service des ambulances, des fourneaux économiques, des barricades, mais aussi pour combattre, et surtout pour fonder des ateliers coopératifs, appuyés sur des associations ouvrières affiliées à l'A.I.T.
En fait, l'Union des Femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés n'attire que quelques centaines de militantes (d'une dizaine à une soixantaine par arrondissement, semble-t-il). Elle se heurte non seulement à l'individualisme des Parisiennes et aux préjugés défavorables des militants ouvriers de tradition proudhonienne (pour lesquels la femme doit être une ménagère ou une courtisane, rien d'autre), mais aussi à la concurrence d'organisations féminines qui bénéficient de l'avantage de l'ancienneté : le Comité des femmes et les comités de vigilance de certains arrondissements.

Charles Delescluze

Le journaliste Charles Delescluze est entouré dès son plus jeune âge d’hommes de caractère. Son père et son oncle maternel ont joué un rôle dans les campagnes de la Révolution et de l’Empire: son père fait partie des volontaires de 1792 et a été commissaire de police de la ville de Dreux en 1808. Quant à son oncle, il a été l’aide de camp du général Brune. Henri, le frère cadet de Charles, qui a pris part à la révolution de 1848 puis au complot de Lyon, tentative d’insurrection de la gauche républicaine, a été condamné à dix ans de prison en 1851. Sa peine commuée en bannissement, il s’est exilé aux Etats-Unis. Charles lui-même ne cache pas ses idées républicaines et participe aux réunions de la Société des amis du peuple, qui prétend empêcher Louis-Philippe de monter sur le trône. En 1848, il proclame la République à Valenciennes et tente d’endiguer la crise économique. Dénonçant la répression du mois de juin 1848 dans son journal La Révolution démocratique et sociale, il est condamné à une peine de prison et s’enfuit en Angleterre. De retour en France en 1853, il est arrêté et emprisonné à Belle-Ile d’abord, puis en 1858 à Cayenne, à l’île du Diable, où sont détenus les prisonniers politiques.
Amnistié en 1859, il revient en France l’année suivante, très affaibli. Il continue à écrire dans les journaux d’opposition jusqu’à la fin du Second Empire et se trouve condamné à plusieurs reprises. A l’été 1870, il prend parti contre la guerre, mais en janvier 1871, il appelle à « la lutte armée contre les capitulards ». Un rapport de police le décrit: « Regard sévère; figure maigre, air souffrant, menton pointu (...); œil vif (...) ; paraît plus que son âge. » Elu député au mois de février, puis membre du Conseil de la Commune au mois de mars, il est chargé de la commission des Relations extérieures. Ses responsabilités vont grandissant. Le lundi 22 mai, il appelle tous les Parisiens à prendre les armes sur les barricades pour aider les soldats fédérés. Malade et âgé, il meurt le 25 mai sur la barricade de la place du Châteaud’Eau. Il sera enterré secrètement parles Versaillais dans la fosse commune du cimetière Montmartre pour éviter que sa tombe ne devienne un lieu de pèlerinage. Officiellement en fuite, il est condamné à mort par contumace en 1874.

Eugène Varlin

Eugène Varlin
Eugène Varlin grandit dans une famille de paysans d’Ile-de-France. Il entre en apprentissage à 13 ans chez son oncle, ouvrier relieur à Paris. En plus de sa formation professionnelle, il suit des cours du soir et apprend le latin.
En 1857, il participe à la fondation de la Société civile des relieurs, société de secours mutuel qui groupe patrons et ouvriers de ce métier du livre. En 1864, Eugène Varlin prend une part importante à la grève des relieurs, qui dure trois semaines et apporte aux ouvriers du livre certains avantages en termes de temps de travail et de salaire. Pour le remercier de son engagement, ses camarades lui offrent alors une montre
en argent. L’année suivante, il adhère dès sa création au bureau parisien de l’Association internationale des travailleurs (Ire Internationale), où il milite pour l’amélioration des conditions de travail des femmes
et pour l’instruction de tous les enfants. Sa carte porte le n° 256. Au mois de septembre, il rencontre Karl Marx à Londres. En 1868, il fonde à Paris un restaurant coopératif, La Marmite, qui sera très actif pendant le siège de l’hiver 1870-1871. Le 26 mars 1871, il est élu dans trois arrondissements parisiens et choisit le VIe. Nommé par la Commune directeur général de la Manutention et des Approvisionnements militaires, il dirige la défense du VIe arrondissement pendant la Semaine sanglante et tente de s’opposer à l’exécution des otages de la rue Haxo.
Mais le dimanche 28 mai, assis sur un banc de la rue La Fayette, il est reconnu et dénoncé. Conduit par une foule hurlante rue des Rosiers (actuelle rue du Chevalier-de-la-Barre), à l’endroit même où ont été fusillés les généraux Lecomte et Clément-Thomas, il est éborgné puis exécuté à son tour, achevé à coups de crosse. Sa célèbre montre en argent lui est alors volée. En 1872, il sera condamné à mort par contumace par le 4e conseil de guerre.
bas
Quel âge avaient-ils en mai 1781 :

Henri Rochefort : 40 ans
Jules Vallès : 38 ans
Georges Cléménceau : 29 ans
Eugène Varlin : 31 ans
Louise Michel : 40 ans
Elisée Reclus : 41 ans
Jean Allemane : 27 ans
Jules Dalou : 32 ans
Gustave Courbet : 51 ans